Le BACoMaB participe aujourd’hui à l’atelier national de sensibilisation sur l’accord BBNJ et les aires marines protégées en haute mer, organisé à Nouakchott par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, en partenariat avec le PRCM.
Cet atelier, à destination des parlementaires, de la société civile et des acteurs publics et privés, vise à renforcer la compréhension de l’Accord BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction) et à accompagner la Mauritanie dans le processus de ratification. Il constitue également un espace de dialogue en vue de la création d’aires marines protégées en haute mer.
- Renforcer la compréhension de l’Accord BBNJ et de ses implications pour la Mauritanie ;
- Accompagner la ratification de l’Accord BBNJ par l’État mauritanien, en vue de sa mise en œuvre effective
- Mobiliser les acteurs mauritaniens autour de la création d’aires marines protégées en haute mer, en tenant compte de la connectivité entre la côte et la haute mer.
L’accord BBNJ : un tournant pour la protection de la haute mer et de ses écosystèmes
Dans un contexte où la haute mer, couvrant plus de 60 % de la surface des océans et près de la moitié de la surface terrestre, subit une pression croissante due aux activités humaines, la nécessité de protéger cette zone vitale devient de plus en plus urgente. Sa biodiversité, encore largement inconnue, représente pourtant un enjeu crucial pour l’humanité. Afin de répondre à cette problématique et renforcer les mécanismes de protection, l’Accord sur la biodiversité marine en haute mer (BBNJ), adopté en 2023, marque un tournant essentiel dans la gestion durable des ressources marines mondiales.
Un cadre juridique essentiel : la CNUDM et l’accord BBNJ
La protection de cette zone d’importance capitale a longtemps été un défi juridique et politique. La Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), adoptée en 1982, est l’un des instruments les plus significatifs du XXème siècle pour régir les océans. Elle est souvent considérée comme la « Constitution des mers ». Cependant, la nécessité d’un cadre juridique spécifique pour la biodiversité marine en haute mer a émergé au fil du temps.
Le 19 juin 2023, un tournant majeur a été marqué avec l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU de l’Accord BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), qui porte sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale. Cet accord complète les principes de la CNUDM en apportant des outils supplémentaires pour la gestion durable de ces zones vitales.
Cet accord, qui devra être ratifié par au moins 60 États pour entrer en vigueur, représente un cadre juridique innovant pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine. Il repose sur des principes fondamentaux tels que le patrimoine commun de l’humanité, la gestion écosystémique de l’océan et la prise de décisions fondée sur les meilleures données scientifiques disponibles. La Mauritanie, riche de ses vastes zones marines et de ses écosystèmes côtiers uniques, joue un rôle clé dans ce mouvement global de protection.


La décennie des mers d’Afrique : un appel à l’action
La période 2015-2025 a été proclamée par l’Union africaine comme la « Décennie des mers d’Afrique et des océans ». Plus de trois milliards de personnes, notamment en Afrique, dépendent directement des océans pour leur subsistance. Dans la région de l’Afrique de l’Ouest, où les menaces sur les écosystèmes marins sont exacerbées par l’érosion, la pollution et les changements climatiques, un effort de sensibilisation est nécessaire pour encourager la ratification de l’Accord BBNJ.
La mise en place d’aires marines protégées (AMP) et la gestion durable des zones marines sont des enjeux primordiaux pour la région. Ces aires de protection, en accord avec les principes de l’Accord BBNJ, visent à préserver la biodiversité marine tout en garantissant une gestion intégrée et écosystémique des océans.
Un programme riche pour renforcer la protection des espaces marins et côtiers de Mauritanie
Le programme de l’atelier se décline en quatre sessions clés :
- Session 1 : Etat des lieux de l’environnement marin et côtier mauritanien. Cette session mettra en lumière la biodiversité marine et les défis liés à sa préservation, avec un focus sur les sites critiques en haute mer à protéger.
- Session 2 : Accord BBNJ et enjeux pour la Mauritanie. Cette session détaillera les implications de l’Accord BBNJ pour la Mauritanie, les raisons pour lesquelles il est essentiel de ratifier cet accord et les défis à relever pour sa mise en œuvre.
- Session 3 : Protocoles additionnels à la Convention d’Abidjan. La Convention d’Abidjan, un instrument majeur pour la gestion durable des espaces marins et côtiers, sera explorée en profondeur, notamment à travers ses protocoles additionnels et leur importance pour la Mauritanie.
- Session 4 : Présentation de la conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC 3). Cette session se concentrera sur les stratégies pour assurer la participation active de la Mauritanie à la troisième conférence des Nations Unies sur les océans, prévue pour 2025 à Nice.
Le BACoMaB appuie financièrement et participe aux sessions 1 et 4.
Engagement & feuilles de route de la Mauritanie pour les océans
À l’issue de cet atelier, les participants auront contribué à l’élaboration de plusieurs feuilles de route stratégiques, notamment :
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Une feuille de route pour l’adhésion de la Mauritanie à l’Accord BBNJ ;
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Une feuille de route pour la ratification des protocoles additionnels de la Convention d’Abidjan ;
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Une feuille de route pour la participation active de la Mauritanie à la conférence UNOC 3.
Les océans sont l’un des biens communs les plus précieux de l’humanité. Leur préservation nécessite une action collective, intégrée et durable. À travers cet atelier, la Mauritanie s’engage dans un processus clé pour contribuer à la protection de la biodiversité marine et à la gestion responsable des ressources océaniques, en lien avec l’Accord BBNJ et la Convention d’Abidjan. Ce rendez-vous est une occasion unique pour les parlementaires, la société civile et les acteurs publics et privés de s’unir et de prendre des décisions éclairées en faveur d’un avenir plus durable pour les océans et les générations futures.